A Madame Lise London,
A quatre vingt seize ans, vous venez de tirer votre révérence. Votre vie n'aura pas été un long fleuve tranquille mais un engagement qui force respect et admiration, même pour celles et ceux qui ne partagent pas vos opinions. Votre départ nous laisse quelque peu orphelin dans ce monde actuel où les mots, et notamment celui d'"engagement", perdent peu à peu leur sens profond.
Quant à vous, amis lecteurs, vous pourrez lire sur le Net l'histoire de cette résistante hors pair. Vous découvrirez ou redécouvrirez son engagement très jeune au sein du Parti Communiste Français, vous lirez sa vie auprès de son second mari Artur London, rencontré en Russie en 1935, son engagement dans la guerre civile espagnole. Vous pourrez voir ou revoir "L'aveu" de Costa-Gavras, film réalisé à partir du livre éponyme d'Artur London, édition Gallimard 1968, écrit à partir des notes transmises pendant sa captivité en secret à Lise. Tout cela, vous le trouverez facilement sur le Net, avec plus ou moins d'objectivité selon les sources.
Mais Lise London, c'était bien autre chose : une force, un charisme, une intégrité hors du commun. J'ai eu le privilège de la rencontrer et ne l'oublierai jamais. C'était à l'occasion de la sortie de son livre, "La mégère de la rue Daguerre", en 1995. Lise London était venue dans la banlieue lyonnaise pour parler de ses engagements, de ses doutes, de son parcours. Petit bout de femme frêle en apparence, et en apparence seulement, sa prestance inondait la petite salle comble. Quelques paroles entre nous au moment de sa dédicace qui restent en moi comme un message, celui qu'il nous appartient désormais de transmettre à notre tour. Nous ne sommes que des passeurs...
Au fond, le meilleur hommage, me semble-t-il que l'on puisse lui rendre aujourd'hui est de la citer et d'écouter encore sa parole :
"Dans la vie, lorsque vous êtes confrontés à des problèmes avec lesquels vous n'êtes pas d'accord, et que l'on voudrait que vous exécutiez des ordres avec lesquels vous n'êtes pas d'accord, vous devez savoir dire non. Et maintenir votre non sans faiblir, c'est ça être résistant." Lise London, entretien 2008.
Ayant rencontré Raymond Aubrac en novembre dernier, au cours de cet échange, je pensais aussi à Lise London car l'un comme l'autre, par leur présence et leurs paroles, transmettent plus que tout autre cette force intérieure qui nourrit les êtres humains.

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