dimanche 25 novembre 2012

Répliques

"Me croyez-vous assez égoïste pour préférer ma vie à moi-même ?" Saint Vincent de Paul

"Répliques" est une émission diffusée sur France Culture, le samedi matin à 9h, et présenté par Alain Finkielkraut. Le sujet du 24 novembre était : "Face à la corrida", avec pour invités Elisabeth de Fontenay, philosophe, signataire de l'appel du CRAC et Francis Wolff, philosophe, professeur à l'Ecole normale supérieure.

Comme l'exprime Francis Wolff, je m'étais promis de ne plus aborder le sujet en public car j'ai compris depuis longtemps qu'il était forcément une source d'incompréhension réciproque et définitive entre deux visions deux mondes, là où, semble-t-il, il n'y a pas de terrain d'entente possible, pas de point d'accord. Dans cette émission en général et celle-ci en particulier, les mots reconquièrent leur sens ce qui est non seulement salutaire mais également totalement nécessaire. Je ne sais pas vous mais moi, j'ai viscéralement besoin de retrouver leur contenu. Le flux incessant actuel de discours provoque une utilisation galvaudée qui affecte tant la réflexion collective que notre propre raison ; et, par voie de conséquence, je dirais "nous-même". Je persiste à penser qu'il y a là un des faits générateurs du dysfonctionnement que certains nomment "crise". Le danger à terme, si ce n'est pas déjà fait, est que cela nous conduise à nous entredéchirer pour finir par nous entretuer.

Vous pensez peut-être que j'exagère à mon tour en pratiquant le mécanisme que je dénonce ? Peut-être... Mais regardez autour de vous, écoutez la cacophonie ambiante... 



samedi 23 juin 2012

Oscariser par un Lol


« La langue est la mère, non la fille de la pensée. » Karl KRAUS 

« La langue que nous utilisons influe sur notre manière de penser. » Bernard WERBER

Amis lecteurs, je ne suis parvenue à choisir entre ces deux citations. L'une pour sa profondeur et l'autre par son incontournable réalité. Autant je n'ai jamais lu KRAUS, dont peu d'oeuvres ont été traduites en français, autant j'apprécie tout particulièrement l'écriture de WERBER. Alors, ce sera à vous de trancher après lecture de cette chronique en faveur de celle qui colle le mieux à vos yeux à mon propos.

Je voulais vous inviter à partager quelques réflexions sur l'entrée dans le dictionnaire d'environ trois cents mots. Notre langue étant vivante, il est normal qu'elle s'enrichisse au fur et à mesure des mots entrés dans le langage courant. Depuis la prédominance des médias dans notre vie quotidienne, nous nous sommes - hélas - habitués à entendre des mots à l'intégrité en devenir. Parfois, ils accrochent, pour ne pas dire déchire, nos oreilles tellement ils donnent l'impression de la voie de la facilité plutôt que celle de l'efficacité du sens. Surtout ces mots inventés et travestis n'atteignent pas notre raison de la même manière. C'est un problème pour se comprendre.

De la même manière, étant donné que la langue parlée (réellement) pousse à l'évolution de notre dictionnaire, on ne s'offusquera pas de l'apparition de mots issus de la communication rapide du Web. Je pense par exemple à "lol". Toutefois, peut-être aurions-nous pu nous abstenir d'intégrer auparavant "vénère" (pour "énerver") ou aujourd'hui "gloups" (pour marquer l'étonnement)... 

Nos amis québécois qui pratiquent la défense de la langue française en raison de l'encerclement linguistique devraient nous inciter à plus d'exigence. Notre langue française a eu ses heures de gloire sur la scène internationale dont elle se retire sans discontinuer. Au fond, les plus grands défenseurs de la langue française se trouvent à l'extérieur de la France, dans les pays francophones. Sans doute parce qu'ils sont plus conscience de l'importance des mots pour construire la pensée et le raisonnement, dans le but de se comprendre et de se faire comprendre.



lundi 18 juin 2012

de l'Union

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." Martin Luther King

Nous sommes à un carrefour décisif. Il ne s'agit pas de revenir sur la décision de 2005 puisque le peuple a parlé le 29 mai, le rejet du Traité constitutionnel a été validé par sa voix en colère. Je ne veux pas plus refaire l'histoire mais juste souligner que le chemin aurait été différent, y compris depuis le début de la crise, avec une Europe renforcée, debout, unie, tout simplement armée pour se défendre.

Après de nombreux emplâtres sur jambes de bois, pour colmater des fuites devenues geysers, aujourd'hui, à l'évidence, nous sommes au pied du mur et nous n'avons plus vraiment le choix pour des solutions purement cosmétiques : soit nous approfondissons les institutions européennes, en acceptant réellement d'abandonner une part de notre souveraineté, soit nous conservons intégralement cette dernière et nous suivons la théorie de notre extrême droite en sortant de l'Europe. Car c'est bien de cela dont il s'agit. Ce choix mérite toute notre attention et notre réflexion car il nous engage dans deux directions radicalement opposées vers deux avenirs profondément divergents. 

La question à laquelle nous devons répondre au préalable avec la plus grande sincérité, surtout au plus fond de nous-mêmes, est la suivante : que cherchons-nous absolument à préserver à tout prix au moyen de ladite souveraineté et pourquoi ? 

Il y a ceux qui répondront que la crise vient précisément de ce renoncement à battre monnaie qui est au coeur de la conception classique de la souveraineté. Ceux au discours réducteur car toujours simpliste, jouant de syllogismes, ceux-là mêmes qui crient haut et fort qu'il nous faut revenir au franc. Leurs paroles séduisent un plus grand nombre d'électeurs que par le passé. Est- ce à dire pour autant que ceux-là aient raison ?

Non seulement je ne le crois pas mais je suis même convaincue que non. 

Puis il y a ceux qui osent prononcer le mot "fédéralisme" sans s'en effrayer, qui n'ont pas peur non plus de répondre aux peurs et incertitudes, qui défendent l'idée de l'Union ayant les moyens d'appliquer une politique commune dans des domaines régaliens, de défendre des valeurs qui devraient être universelles et le rester. Ceux qui voient plus loin que leur intérêt personnel lors du prochain scrutin national. Ceux qui, dans la lignée de Schuman et de Monnet, voient au-delà. Ceux qui pensent que l'Union européenne est notre avenir et notre chance à la fois, car elle est une force qu'il convient de développer avant tout pour les êtres humains. 


Pour aller plus loin :

Renforcer l'Union européenne pour renforcer les Etats européens, par Julia Cagé, lemonde.fr 5 octobre 2011


samedi 9 juin 2012

Urgence Sahel


Situation et réponses de CARE
Dernière mise à  jour : juin 2012
Photo : © Le Tourneur d'Ison / CARE
16 millions de personnes se trouvent actuellement en situation d’insécurité alimentaire dans la région du Sahel. Parmi les 3 pays dans lesquels CARE intervient (le Tchad, le Mali et le Niger), 10,6 millions de personnes sont en difficulté.
L’insécurité alimentaire et la malnutrition affectent de manière chronique une part importante des populations du Sahel. Plusieurs événements sont venus en 2011 aggraver cette vulnérabilité. Les pluies arrivées tardivement ont été mal réparties, ce qui s’est traduit pas des récoltes globalement moyennes, avec de très forts déficits dans certaines régions. Les prix élevés et la perte de fonds de certains migrants sont venus aggraver la situation des familles les plus pauvres, dont la résilience ne cesse de se réduire.
Réponse globale de CARE contre la crise alimentaire au Sahel :
CARE a initié sa stratégie d'urgence en décembre 2011 qui vise à fournir une assistance alimentaire aux victimes de la crise, former du personnel de santé à identifier et traiter la malnutrition, améliorer l'accès à l'eau et l'assainissement et promouvoir l'hygiène. 
Cette réponse à l'urgence a été estimée à 26 millions d'euros pour venir en aide à 1 million de personnes.
Soutenez la réponse d'urgence de CARE au Sahel :

 
Sources : carefrance.org


lundi 28 mai 2012

Entretien avec Rita Levi-Montalcini

Comment célébrer vos 100 ans ?
Je ne sais pas si je vivrai jusque là, de plus les célébrations ne me plaisent pas.
Ce qui m’intéresse et me plaît, c’est ce que je fais chaque jour.

Et que faites-vous ?
Je travaille à obtenir des bourses d’étude pour des fillettes africaines afin qu’elles étudient et se préparent à travailler pour l’avancement de leurs pays. Je poursuis mes recherches, je poursuis ma réflexion.

Vous n’êtes pas à la retraite ?
Jamais !
La retraite détruit le cerveau.
De nombreuses personnes à la retraite abandonnent, cela tue le cerveau et rend malade.

Comment fonctionne votre cerveau ?
Exactement comme à mes 20 ans.

Je ne note aucune différence dans mes désirs ni dans mes capacités.
Mon corps se ride, c’est inévitable, mais pas le cerveau. Le secret, c’est de demeurer curieux, engagé et d’avoir des passions.

Demain je participerai à un congrès médical.

Mais n’y aurait-il pas quelque limite génétique ?
Non.
Mon cerveau aura bientôt un siècle…, mais il ne connaît pas la sénilité.

Comment cela est possible ?
Nous jouissons d’une grande plasticité neuronale. Même si des neurones meurent, ceux qui restent se réorganisent pour maintenir les mêmes fonctions, mais encore faut-il les stimuler.

Aidez-moi à le faire.
Maintenez des désirs, activez votre cerveau, faites-le fonctionner, ainsi il ne dégénérera jamais.

Et je vivrai plus longtemps ?
Vous vivrez mieux les années que vous aurez à vivre. Ce qui est intéressant.

La vôtre fut la recherche scientifique.
Oui, et je continue aussi passionnée.

Vous avez découvert comment croissent et se renouvellent les cellules du système nerveux.
Oui, en 1942. J’ai appelé cette découverte : ‘‘Nerve Growth Factor -  NGF’’ (facteur de croissance nerveuse). Pendant presqu’un demi-siècle je fus interdite, jusqu’à ce que soit reconnue la validité de ma découverte.
En 1986 je reçu pour cette découverte le Prix Nobel.

Comment une jeune fille italienne des années 20 est-elle parvenue à devenir neuroscientifique ?
Depuis l’enfance je me suis dédiée à étudier. Mon père voulait que je fasse un bon mariage, que je sois une bonne épouse et une bonne mère, mais j’ai refusé. Je me suis tenue devant lui et je lui ai dit que je voulais étudier.

Quelle contrariété ce père, non ?
Oui. Je ne me sentais pas heureuse enfant. Je me sentais un vilain petit canard, sotte et très peu de chose.
Mes frères aînés étaient brillants et je me sentais tellement inférieure.


Je vois que vous avez fait de cela un stimulant.
Oui, mais l’exemple du docteur Albert Schweitzer, qui était en Afrique pour pallier à la lèpre m’a aussi stimulée. J’ai désiré aider ceux qui souffraient, c’était mon grand rêve.

Vous l’avez réalisé, au moyen de la science.
Plutôt en aidant aujourd’hui les fillettes d’Afrique pour qu’elles puissent étudier.
Nous luttons contre la maladie, oui, mais tout peut s’améliorer si nous arrêtons l’oppression de la femme dans les pays islamiques.

La religion est-elle un frein au développement cognitif, au développement de la connaissance ? 
Oui la religion marginalise la femme face à l’homme, elle la met de côté quant au développement des connaissances.

Existe-t-il une différence entre le cerveau d’un homme et celui d’une femme ?
Seulement dans les fonctions cérébrales qui sont en relation avec les émotions liées au système endocrinien. Quant aux fonctions cognitives, il n’y a aucune différence.

Pourquoi y a-t-il encore très peu de femmes scientifiques ?
Non, ce n’est pas ainsi !
Plusieurs découvertes scientifiques attribuées à des hommes furent en réalité l’œuvre de leurs sœurs, épouses ou filles.

C'est vrai ?
On n’admettait pas l’intelligence féminine, on la laissait dans l’ombre.
Heureusement aujourd’hui il y a plus de femmes que d’hommes dans l’investigation scientifique : Les héritières d’Hypatia.

La sage Alexandrine du IV siècle…
Maintenant nous ne terminerons plus assassinées dans la rue par des moines misogynes chrétiens, comme elle. Certainement quelque chose s’est amélioré dans le monde.

Personne n’a essayé de vous assassiner ?
Durant le fascisme, Mussolini a voulu imiter Hitler dans la persécution juive. J’ai dû me cacher un temps. Mais je n’ai jamais cessé mes recherches. J’ai monté un laboratoire dans ma chambre à coucher.
C’est à cette période que j’ai découvert l’apoptosis, ou la mort programmée des cellules.

Pourquoi un pourcentage aussi élevé de scientifiques et d’intellectuels parmi les juifs ?
L’exclusion a provoqué chez les juifs le travail intellectuel : on peut tout prohiber, mais pas la pensée.
En effet il y a plusieurs prix Nobel parmi les juifs.

Comment vous expliquez-vous la folie nazi ?
Hitler et Mussolini savaient parler aux foules. Le cerveau émotionnel prédomine toujours sur le cerveau néocortical, l’intellectuel. Ils manipulaient les émotions, non la raison.

Est-ce encore ainsi aujourd’hui ?
Pourquoi croyez-vous que dans plusieurs écoles des Etats-Unis on enseigne le créationnisme au lieu de l’évolutionnisme ?

L’idéologie est émotion, elle est sans raison.
La raison est fille de l’imperfection. Chez les invertébrés tout est programmé : ils sont parfaits. Nous, non ! Étant imparfaits, nous avons recours à la raison, aux valeurs éthiques comme discerner entre le bien et le mal. C’est le plus haut grade de l’évolution darwinienne !

Vous ne vous êtes jamais mariée, vous n’avez pas eu d’enfant ?
Non. Je suis entrée dans la jungle du système nerveux. Je suis demeurée fascinée par sa beauté et j’ai décidé de lui dédier tout mon temps, toute ma vie.

Parviendrons-nous un jour à guérir les maladies d’Alzheimer, Parkinson, la démence sénile ?
Guérir… ? Nous parviendrons à freiner, retarder, minimiser toutes ces maladies.

Quel est aujourd’hui votre grand rêve ?
Qu’un jour nous parvenions à utiliser au maximum la capacité cognitive de notre cerveau.

Quand avez-vous cessé de vous sentir un vilain petit canard ?
Encore aujourd’hui, je demeure consciente de mes limites.

Qu’est-ce qui fut le meilleur dans votre vie ?
Aider les autres.

Que feriez-vous aujourd’hui, si vous aviez 20 ans ?
Mais, je suis en train de le faire !

Rita Levi-Montalcini
la plus âgée de tous les Prix Nobel a eu 100 ans le 22 avril 2009

dimanche 13 mai 2012

G8 : G FAIM !

Le premier des bons ménages est celui que l'on fait avec sa conscience. Victor HUGO

Les 18 et 19 mai prochains, aura lieu le G8 à Camp David. Vous savez cette réunion des pays les plus puissants au plan économique qui s'arrogent, en conséquence, le droit - et le devoir ? - d'organiser les relations mondiales... mais, hélas, comme tout cela est informel, c'est à dire non structuré au plan juridique, alors bien que leurs décisions pèsent sur l'ensemble des pays, personne n'a les moyens de les contester...

911 339 502 personnes sous-alimentées et 1 557 112 035 autres en surpoids... une planète qui pourrait nourrir 12 milliards d'êtres humains... mais laissent pourtant mourir de faim chaque jour environ 25 000 individus... des ressources détournées par les trusts agro-alimentaires... et les organisations mondiales, dirigées par les pays riches auto-proclamés seuls compétents en matière économique... 

Et nous sommes en 2012, et nous continuons de nous poser la question de la faim sans en voir la fin...

A lire : Jean ZIEGLER, Destruction massive - Géopolitique de la faim, aux éditions du SEUIL
A voir : ce que les organisations internationales ont fait du Ghana : Mondialisation - Quand le FMI fabrique la misère de Stuart TANNER diffusé sur Canal + magazine Spécial Investigation.

A faire : n'y a-t-il donc rien, vraiment rien, à faire ???

dimanche 29 avril 2012

Dernière ligne droite

"La solitude, et parfois la critique acerbe, sont le prix à payer pour la liberté et la fidélité à la voix de sa conscience intime, plutôt qu'à une tradition, aussi vénérable soit-elle, ou à une mode dominante." Frédéric LENOIR, Petit Traité de Vie Intérieure, ed. PLON


Courage, il ne nous reste plus que sept jours à tenir avant d'avoir trois ans et demi de répit ! Alors, accrochons-nous. Rappelons-nous que NS a promis que nous n'entendrions plus parler de lui s'il était battu... Ces derniers temps, il a montré si souvent qu'il n'a pas envie de rester cinq ans de plus qu'il serait préférable que nous l'aidions à - s'en - sortir ; que nous le prenions au mot en espérant que, pour une fois,  il tiendra parole. Il pourra ensuite dire qu'il voulait accomplir un nouveau mandat mais que la France, pervertie par les idées d'extrême droite ou son gauchisme chronique, n'a pas su le percevoir comme le meilleur rempart. Si, si, il doit être capable de dire cela avec l'aplomb qui le caractérise. Peu importe, ménageons son amour propre.

Hélas, il reste un petit problème : l'article 6 de notre Constitution qui dispose en son deuxième alinea  : "Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs."  A la lettre, le texte permet donc à NS de revenir en 2017... Gageons que les déchirements au sein de l'UMP parviennent à faire émerger un nouveau leader, autre que l'actuel en place et prétendant à la fonction suprême. Surtout que ceux-ci ne bénéficient pas à l'extrême-droite... 

Alors, il ne nous reste plus qu'à espérer que la gauche suive l'impulsion donnée par François Hollande qui a, pour l'instant, réussi à garder le cap du rassemblement, du discours unificateur d'un président digne de ce nom. Gageons qu'il mette un terme aux multiples communautarismes de toutes sortes qui détruisent notre pacte républicain. Non seulement nous avons envie d'y croire mais plus encore de ne pas être déçus.


L'histoire étant un éternel recommencement... il n'est peut-être pas inutile de se souvenir : Hitler, la naissance du mal, film de Christian DUGUAY (2003) et la prestation époustouflante de Robert Carlyle.