"La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale. J'accuse la censure." Victor HUGO
Vous avez peut-être lu l'information à propos de cette salariée, caissière de CORA, à Mondelange en Moselle, convoquée le 7 novembre prochain pour un entretien préalable en vue de son licenciement. La faute, ou plus exactement le prétexte, qui est lui est reprochée ? Elle est accusée de "vol", elle aurait ramassé un ticket de caisse, a priori abandonné par son maître, et donnant droit à un deuxième sandwich après achat du premier. CORA considère que ce satané ticket est sa propriété tandis que l'avocat de la mise en cause rappelle qu'il n'est qu'une "chose sans maître".
Ce n'est pas le débat juridique qui m'intéresse ici mais l'absurdité de l'histoire et plus encore son caractère révélateur et clairement scandaleux. Les internautes ne se privent d'ailleurs pas pour exprimer leur colère sur les différents forums. Ma réaction, vous vous en doutez, va dans ce sens. J'ai donc rédigé, depuis le site www.leparisien.fr, mon propre commentaire que je livre à votre appréciation : "Le boycotte : la meilleure solution pour ces dirigeants inhumains. Pour ne pas pénaliser davantage les employé(e)s, que tous les clients, après avoir payé à la caisse, conservent leurs tickets pour les envoyer aux différents responsables de leur magasin. N'hésitons pas à joindre un mot exprimant notre ras le bol de voir le personnel ainsi maltraité. Ils ne vireront tout de même pas tous leurs clients !!!". Après envoi, un message m'informe que mon commentaire sera d'abord lu par le médiateur puis mis en ligne 15 minutes plus tard.
Or 15 minutes plus tard, pas de publication mais juste un mail du modérateur m'informant que mon commentaire ne serait pas publié : "... en effet, après relecture et avant mise en ligne, l'équipe du Parisien/Aujourd'hui en France a considéré qu'il était contraire à la ligne de conduite de notre site internet." A lire les autres, en ligne le 26 octobre, entre 18h33 et 19h04* (dernier message affiché lors de la transmission du mien), je n'avais franchement pas mesuré le caractère clairement subversif de mes propos.... Au-delà de cette anecdote, ce que je trouve inquiétant aujourd'hui c'est la manière dont le tri est fait. Bien sûr que nombre d'internautes abusent de leur anonymat, bien planqués derrière leur écran, pour se lâcher en écrivant, le plus souvent mal sur la forme et sur le fond, des horreurs, généralement déplacées par rapport au thème de départ, etc.
Naturellement, on comprend parfaitement le rôle indispensable de la modération. Mais, depuis plusieurs mois, j'ai constaté de plus en plus fréquemment que, si vous ne voulez pas être inscrit sur le livre des visages ou sur crétin*, si vous ne souhaitez pas avoir un compte (n'est-ce pas encore un moyen de tracer l'internaute ?) sur le média en question, alors vous ne pouvez pas laisser un commentaire. Je me dis avec philosophie qu'il s'agit là d'une étape au cours de laquelle chaque média cherche le meilleur moyen de laisser la parole libre tout en se préservant des abus en tout genre. J'espère surtout que mon optimisme naturel ne m'empêche pas de voir d'autres raisons à cette attitude, plus sournoises mais bien réelles, aussi discutables qu'inacceptables... L'avenir apportera peut-être la réponse.
* Facebook et twit