samedi 26 mars 2011

Décryptage

"Pendant que nous sommes chez les hommes, pratiquons l"humanité." Sénèque

Frappant la manière dont le raisonnement ne parvient pas à bout du discours de M le P... Ce fut le cas cette semaine sur Canal + quand ni Ali Badou, ni Jean-Michel Apathie n'ont réussi à re-cadrer le débat pour ramener à la raison l'invitée du Grand Journal...

Pourtant, il y a matière à... quand elle enchaîne une série d'absurdités, ratissant large, sans quasiment reprendre son souffle sur une liste pré-formatée de sujets savamment élaborée. Exemple : quand M le P parle des "6 000 clandestins" en embuscade à Lempedusa et prêts à se ruer sur la France pour venir voler aux "gentils français" pain et allocations... Au passage, on notera qu'elle a abandonné les chiffres cités par l'UMP, pour ne pas dire notre Président, quelques temps plus tôt, évoquant "la vague migratoire" qui  nous guettait... Alors pourquoi à ce moment-là, ni Ali Badou ni Jean-Michel Apathie, ni même Michel Denisot n'ont rétorqué à Dame Le P que ces personnes étaient des réfugiés, fuyant leur pays en guerre qui, de fait, se déplaçaient plutôt vers des pays frontaliers parce que leur espoir le plus profond est bien de retourner chez eux.... dès que possible...

Pourquoi quand un journaliste interviewe M le P ne parvient-il pas à la renvoyer dos à dos avec son programme ? Pourquoi la laisse-t-on utiliser la formule dont elle semble tellement satisfaite "UMPS"... Il suffirait par exemple d'évoquer les idées du FN, développées  sur le site officiel, en choisissant, pourquoi pas, le thème de l'immigration... Lecture pénible mais riche en enseignement : comme par hasard, on retrouve une mesure défendue par l'UMP... sur la déchéance de la nationalité... dans le cas de nationalisation depuis moins de 10 ans... Ou encore pourquoi, quand M le P s'insurge, dans la même émission, à l'évocation de son papa, qu'elle juge systématique et vraiment agaçante visiblement, ne pas lui rappeler qu'il est président d'honneur du parti et qu'il intervient à ce titre sur le site officiel aux milieux de ses propres posts...

A vous de vous faire votre opinion à la lecture du couplet sur la jeunesse car, moi, je sature... J'en ai mal à mon intégration française...

Alors avant de voter pour un parti dont la présidente édulcore ses formulations, travaille son apparence pour rendre le discours plus audible et pénétrant, se donnant ainsi une apparente de respectabilité tout en continuant d'utiliser les mêmes mécanismes, selon les mêmes constructions, bien rodées, il faut prendre le temps de réfléchir. Bien réfléchir. Telle devrait être la consigne de vote de tout responsable politique... Réfléchir à une conduite responsable envers l'avenir. Se souvenir que le vote n'est pas un simple produit de consommation, on ne choisit pas un bulletin comme une lessive ou un téléviseur ! en se disant que, de toute manière, dans cinq le produit sera périmé et que, s'il ne nous plaît plus, on pourra toujours le changer en votant pour un autre... 

lundi 21 mars 2011

N'allons pas trop vite en besogne

En lisant la presse ce matin, nous pouvons légitimement nous demander si les commentateurs sur les résultats des élections cantonales ne vont pas un peu trop vite en besogne, en faisant abstraction de certains postulats, tels que les quelques points suivants : 

1. Pour la première fois depuis vingt ans, ce scrutin cantonal n'est pas adossé à une autre élection.
2. Seulement la moitié des cantons sont renouvelables ce qui correspond à 2023 cantons.
3. Cela se traduit en nombre d'électeurs par 21 millions d'individus appelés aux urnes.
4. Quant au taux d'abstention, à 55,63%, il se traduit par un nombre de votants de 7,6 millions de personnes s'étant exprimées.

Oublié également d'évoquer l'incidence possible de la réforme des collectivités territoriales en cours et qui devrait aboutir, en 2014, au remplacement des conseillers généraux et régionaux par des conseillers territoriaux ; pour en réduire le nombre, quasiment de moitié. De fait, en l'état actuel, les conseillers en cours de renouvellement n'exerceront qu'un mandat de trois ans. Peut-être que cette réforme sera finalement mise en cause en fonction du résultat de 2012... mais ce n'est pas le cas pour l'instant.

Oublié les discours soi-disant politiques qui portent le pseudo-débat en dessous de la ceinture, comme par exemple la charge (pour l'abattre ?) d'un représentant local de gauche, arrivée juste au bon moment pour plomber la campagne... Des rumeurs et des accusations reposant sur des lettres anonymes depuis 2009, faut-il le rappeler, sans mise en examen du sénateur concerné ! Raison de plus pour respecter la présomption d'innocence ! Un parti bleu qui utilise les ficelles d'un autre, à l'extrême de son bord, et n'hésite pas à agiter les peurs, à diviser au plan national comme au plan local. Notamment dans un département (bien connu  par un directeur de cabinet présidentiel, comme à la direction de la DCRI) où il sait parfaitement la prédominance de la droite extrême. A trop jouer avec le feu, la majorité risque fort de finir par s'y brûler les ailes...

A oublier tous les sondages et compagnie qui permettent à de (trop ?) nombreux chroniqueurs d'affabuler à l'infini, contribuant par la même à maintenir le débat dans le caniveau, dans la crispation. Meilleur moyen de maintenir à distance des urnes, les électeurs qui pensent désormais que leur bulletin ne sert à rien puisque "tous pourris"... 

A ne surtout pas oublier : les prix du carburant, du gaz et de l'alimentation, la lutte contre le chômage, l'augmentation de la précarité pour les chômeurs, les étudiants, les retraités et les classes moyennes, l'éducation de l'école maternelle à l'université, le développement de la recherche : la politique en somme.... 

"Ce qui est terrible sur cette terre, c'est que tout le monde a ses raisons." Jean Renoir (1894-1979)

dimanche 20 mars 2011

De la précision

"Ce que la bouche s'accoutume à dire, le coeur s'accoutume à le croire." Charles Baudelaire

Vigilance rouge 

Aujourd'hui, l'ambassade du Japon en France, après les avoir remerciés pour leur solidarité, demande aux medias français de faire preuve de mesure dans les images qu'ils diffusent sur la catastrophe japonaise par respect pour les victimes et leur famille. Nous devrions tous nous imprégner de la sagesse japonaise pour nous en inspirer. Effectivement, le flot continu d'images en tout genre est une hérésie qui conduit à maintenir l'opinion française dans l'émotion (voir article précédent). Le peuple japonais a naturellement besoin de notre aide, de notre soutien et de notre compassion mais, face à un tel drame, il est non seulement inutile mais en plus contre-productif d'en rajouter. Soyons donc attentifs au message du directeur du service culturel de l'ambassade et surtout entendons-le pour en tirer les conséquences.

Vigilance orange

L'actualité, tout aussi dramatique en Libye, doit tout autant nous amener à réfléchir. Laissons de côté (volontairement) toute polémique (légitime) à propos des raisons d'un si long délai avant l'action désormais engagée. Chaque chose en son temps et celui de l'analyse n'est pas encore venu. Par contre, nous pouvons à notre tour demander aux medias français d'être mesurés dans leurs propos : en cessant de nommer le dirigeant libyen par un titre qu'il n'a pas, s'étant auto-proclamé colonel. De la même manière, il serait judicieux pour ces mêmes medias, de choisir, une bonne fois pour toutes, le terme adéquat pour nommer le peuple libyen qui lutte pour sa liberté : insurgés ? manifestants ? opposants ?  résistants ?

Vigilance permanente

Enfin, au-delà des medias, qui ne peuvent en toute honnêteté être tenus pour responsables de tous les maux, soyons également vigilants quant la sélection des mots que nous employons pour nous exprimer. Par exemple, ne confondons pas "clandestin" et "réfugié" pour nommer les personnes qui sont contraintes de fuir leur pays pour des raisons politiques, de guerre, y compris civile, ou en situation de risque pour leur propre sécurité...

samedi 19 mars 2011

Repères

Les mots ont un sens, au-delà de leur sonorité, de leur esthétisme, ils sont un contenant pour un contenu qui varie en fonction de leur utilisation ce que nous savons depuis notre plus tendre enfance. La variété de leurs sens est une source d'inspiration permanente pour tout auteur. Le poète amène les mots à la métaphore, le voyage qu'entreprend alors notre imagination est une source de plaisir intense pour notre esprit, une nourriture pour nos émotions.

Le langage romanesque recourt également à ces particularités tout en nous engageant volontiers sur une autre voie. Nous accordons alors notre complicité à l'auteur qui nous suggère de décaler notre regard. "S'il a de la chance, l'écrivain peut changer le monde" disait le dramaturge américain Arthur Miller. Nous n'avons aucune difficulté à faire la part des choses puisque nous connaissons le registre dans le quel nous nous situons.

Par contre, au quotidien, dans l'ensemble de nos échanges avec les autres, nous utilisons les mots. Pour entrer en communication, nous devons nous assurer que, dans notre message, le signifié est bien compris par son récepteur. Dans notre monde d'hyper-communication, grâce notamment au formidable outil que représente Internet, nous utilisons comme supports mots et images. Or, l'instantanéité des échanges, l'information à dose intensive et permanente nous conduisent, si nous ne prenons garde, à réagir dans le seul registre de l'émotion. Parce que nous n'avons pas le temps de nous arrêter pour analyser, réfléchir et construire un raisonnement pour comprendre la portée réelle du message. Cette tendance s'emballe, nous emporte et rien, en apparence, ne semble pouvoir la stopper.

Alors peut-être que l'enjeu, dont nous devons prendre pleinement conscience, est la résonance en nous de ces mots et images qui nous parviennent vertigineusement pour en tirer toutes les conséquences : prendre le temps de nous arrêter pour retrouver notre liberté fondamentale, celle de penser.


vendredi 18 mars 2011

Bienvenue !

Ab Ira Leonis : De la colère du lion. Rassurez-vous, le nom de ce blog est le fruit de mon attachement à ma belle ville d'Arles en me référant à sa devise. Au-delà, je le confesse, il est le prétexte pour exprimer les colères légitimes à propos d'un monde qui, de mon point de vue, marche sur la tête.

Mon souhait ? des fils de discussion constructifs qui nous conduisent vers la réflexion et, pourquoi pas, des solutions... Pas de place ici pour des réactions à chaud, emportées, démesurées qui ne permettent pas de comprendre le présent pour envisager l'avenir.

J'ai l'ambition que nous parvenions ensemble à réfléchir, de la philosophie à l'analyse, de la politique à l'actualité, de la culture à la créativité, de l'histoire à la stratégie... Où en sommes-nous ? où allons-nous ? réfléchissons ensemble car, forcément, nous serons meilleurs ! Et peut-être parviendrons-nous avec le temps à relever ce formidable défi : créer une véritable émulation.

Utopiste ? cela ne me dérange pas, j'assume.

Je compte sur vous comme vous pouvez compter sur moi.

@ bientôt, au plaisir de vous lire.

Ab Ira Leonis.