dimanche 29 avril 2012

Dernière ligne droite

"La solitude, et parfois la critique acerbe, sont le prix à payer pour la liberté et la fidélité à la voix de sa conscience intime, plutôt qu'à une tradition, aussi vénérable soit-elle, ou à une mode dominante." Frédéric LENOIR, Petit Traité de Vie Intérieure, ed. PLON


Courage, il ne nous reste plus que sept jours à tenir avant d'avoir trois ans et demi de répit ! Alors, accrochons-nous. Rappelons-nous que NS a promis que nous n'entendrions plus parler de lui s'il était battu... Ces derniers temps, il a montré si souvent qu'il n'a pas envie de rester cinq ans de plus qu'il serait préférable que nous l'aidions à - s'en - sortir ; que nous le prenions au mot en espérant que, pour une fois,  il tiendra parole. Il pourra ensuite dire qu'il voulait accomplir un nouveau mandat mais que la France, pervertie par les idées d'extrême droite ou son gauchisme chronique, n'a pas su le percevoir comme le meilleur rempart. Si, si, il doit être capable de dire cela avec l'aplomb qui le caractérise. Peu importe, ménageons son amour propre.

Hélas, il reste un petit problème : l'article 6 de notre Constitution qui dispose en son deuxième alinea  : "Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs."  A la lettre, le texte permet donc à NS de revenir en 2017... Gageons que les déchirements au sein de l'UMP parviennent à faire émerger un nouveau leader, autre que l'actuel en place et prétendant à la fonction suprême. Surtout que ceux-ci ne bénéficient pas à l'extrême-droite... 

Alors, il ne nous reste plus qu'à espérer que la gauche suive l'impulsion donnée par François Hollande qui a, pour l'instant, réussi à garder le cap du rassemblement, du discours unificateur d'un président digne de ce nom. Gageons qu'il mette un terme aux multiples communautarismes de toutes sortes qui détruisent notre pacte républicain. Non seulement nous avons envie d'y croire mais plus encore de ne pas être déçus.


L'histoire étant un éternel recommencement... il n'est peut-être pas inutile de se souvenir : Hitler, la naissance du mal, film de Christian DUGUAY (2003) et la prestation époustouflante de Robert Carlyle. 


jeudi 19 avril 2012

Les mots ont un sens

"La volonté s'appelle persévérance pour une bonne cause et obstination pour une mauvaise." Lawrence STERNE


J'ai vu le courage et j'ai vu la beauté de notre nation, nation citoyenne que je veux débarrasser définitivement de la fiction infâme de la race. Voilà pourquoi dans cette campagne je rends coup pour coup à la représentante du parti de la haine. Celle que j'ai choisi ce soir de ne pas nommer parce qu'au fond elle est innommable. Celle qui m'attaque devant les tribunaux non pas pour je ne sais quelle diffamation, mais bien en réalité parce qu'elle ne supporte pas la vision que je porte de la France. 

A elle et à ses partisans, je veux dire tranquillement : nous sommes chez nous. Nous sommes chez nous, nous les français et les françaises, métèques venus des quatre coins du monde pour faire France, nous, les métis et les métisses, nous les immigrés qui travaillons sur les chantiers et nous cassons le dos pour ériger des bâtiments. Nous sommes chez nous, nous les bretons, les corses, les "occitans", nous les polaks, les portos, les ritals et les espingouins, nous les youpins, les nègres, les bougnoules et nous les norvégiennes ménopausées nous l'Europe, nous le monde, nous la planète parce que nous sommes la liberté d'aimer, l'égalité devant la loi, et la fraternité dans la République. Nous sommes chez nous".




Eva JOLY
extrait du discours,
18 avril 2012, 
au Cirque d'Hiver.


Lire l'intégralité du discours sur evajoly2012.fr

mercredi 11 avril 2012

"Libération Sud"

"La récompense des grands hommes, c’est que, longtemps après leur mort, on n’est pas bien sûr qu’ils soient morts." Jules RENARD

Etrange coup du sort qui emporte Raymond Aubrac quelques jours à peine après le départ de Lise London.   

J'ai eu l'immense plaisir de rencontrer Raymond Aubrac le 15 novembre dernier à Marseille. Son médecin ne voulait pas qu'il prenne le train ce jour-là pour ne pas se fatiguer. Lui, avait décidé de venir témoigner car il s'y était engagé. Et il était là, bien présent, répondant à l'appel, comme il l'a toujours fait chaque fois qu'il a pensé qu'il le devait. Incroyable ! Mémorable ! Le sens de l'humour associé à un sourire espiègle, exerçant un inlassable devoir de parole pour préserver la mémoire sans jamais laisser transparaître la moindre lassitude, le caractère assurément bien trempé. un échange inoubliable, hors du temps. Un enseignement d'une richesse inouïe.

Militant, engagé jusqu'à son dernier souffle, le départ de Raymond Aubrac laisse un vide, une grande tristesse, c'est certain. Sentiment probablement égoïste car nous ressentons que, désormais, son absence nous oblige. Il nous appartient la lourde tâche de porter cet esprit libre pour le transmettre aux générations futures. 

Cher Raymond, permettez-moi de vous appeler ainsi, aujourd'hui, nous nous sentons bien sûr orphelins mais malgré tout imprégnés de votre humanité et capables de poursuivre le chemin grâce à votre souffle.  

Merci Monsieur, reposez en paix, vous l'avez bien mérité.

samedi 7 avril 2012

C'est parti !

La FERIA Pascale 2012 a débuté jeudi en fin d'après-midi et dure jusqu'à lundi soir.

La Gardounenque
Arles a mis ses habits de lumière. La ville est en fête à chaque rue, chaque carrefour, vous croiserez de joyeux lurons, musiciens regroupés en peña, de belles arlésiennes, des chevaux Camargue menant l'abrivado, des encierro dans d'autres quartiers d'Arles. Et bien d'autres animations surprendront le visiteur curieux de découvrir la ville autrement. 

Durant cette grande fête populaire, au sens noble du terme, le temps du week-end pascal, tous se mélangent sans plus aucune distinction. Seul compte le plaisir de profiter en communion des premiers beaux jours, du printemps revenu, d'être ensembles.


Et toute la ville est animée jour et nuit, accessible à tous, gratuitement. Attention à ne pas trop vous laisser surprendre dans les bodegas la nuit venue. Et si vous ne pouvez pas faire autrement, alors renoncez à prendre votre voiture afin de ne garder que d'excellents souvenirs de votre séjour en Arles.

Bonne FERIA à toutes et à tous ! 

lundi 2 avril 2012

Hommage

A Madame Lise London,

A quatre vingt seize ans, vous venez de tirer votre révérence. Votre vie n'aura pas été un long fleuve tranquille mais un engagement qui force respect et admiration, même pour celles et ceux qui ne partagent pas vos opinions. Votre départ nous laisse quelque peu orphelin dans ce monde actuel où les mots, et notamment celui d'"engagement", perdent peu à peu leur sens profond.

Quant à vous, amis lecteurs, vous pourrez lire sur le Net l'histoire de cette résistante hors pair. Vous découvrirez ou redécouvrirez son engagement très jeune au sein du Parti Communiste Français, vous lirez  sa vie auprès de son second mari Artur London, rencontré en Russie en 1935, son engagement dans la guerre civile espagnole. Vous pourrez voir ou revoir "L'aveu" de Costa-Gavras, film réalisé à partir du livre éponyme d'Artur London, édition Gallimard 1968, écrit à partir des notes transmises pendant sa captivité en secret à Lise. Tout cela, vous le trouverez facilement sur le Net, avec plus ou moins d'objectivité selon les sources. 

Mais Lise London, c'était bien autre chose : une force, un charisme, une intégrité hors du commun. J'ai eu le privilège de la rencontrer et ne l'oublierai jamais. C'était à l'occasion de la sortie de son livre, "La mégère de la rue Daguerre", en 1995. Lise London était venue dans la banlieue lyonnaise pour parler de ses engagements, de ses doutes, de son parcours. Petit bout de femme frêle en apparence, et en apparence seulement, sa prestance inondait la petite salle comble. Quelques paroles entre nous au moment de sa dédicace qui restent en moi comme un message, celui qu'il nous appartient désormais de transmettre à notre tour. Nous ne sommes que des passeurs...

Au fond, le meilleur hommage, me semble-t-il que l'on puisse lui rendre aujourd'hui est de la citer et d'écouter encore sa parole :

"Dans la vie, lorsque vous êtes confrontés à des problèmes avec lesquels vous n'êtes pas d'accord, et que l'on voudrait que vous exécutiez des ordres avec lesquels vous n'êtes pas d'accord, vous devez savoir dire non. Et maintenir votre non sans faiblir, c'est ça être résistant." Lise London, entretien 2008.

Ayant rencontré Raymond Aubrac en novembre dernier, au cours de cet échange, je pensais aussi à Lise London car l'un comme l'autre, par leur présence et leurs paroles, transmettent plus que tout autre cette force intérieure qui nourrit les êtres humains.

Merci Madame, reposez en paix, vous l'avez mérité.