« La langue est la mère, non la fille de la pensée. » Karl KRAUS
« La langue que nous utilisons influe sur notre manière de penser. » Bernard WERBER
Amis lecteurs, je ne suis parvenue à choisir entre ces deux citations. L'une pour sa profondeur et l'autre par son incontournable réalité. Autant je n'ai jamais lu KRAUS, dont peu d'oeuvres ont été traduites en français, autant j'apprécie tout particulièrement l'écriture de WERBER. Alors, ce sera à vous de trancher après lecture de cette chronique en faveur de celle qui colle le mieux à vos yeux à mon propos.
Je voulais vous inviter à partager quelques réflexions sur l'entrée dans le dictionnaire d'environ trois cents mots. Notre langue étant vivante, il est normal qu'elle s'enrichisse au fur et à mesure des mots entrés dans le langage courant. Depuis la prédominance des médias dans notre vie quotidienne, nous nous sommes - hélas - habitués à entendre des mots à l'intégrité en devenir. Parfois, ils accrochent, pour ne pas dire déchire, nos oreilles tellement ils donnent l'impression de la voie de la facilité plutôt que celle de l'efficacité du sens. Surtout ces mots inventés et travestis n'atteignent pas notre raison de la même manière. C'est un problème pour se comprendre.
De la même manière, étant donné que la langue parlée (réellement) pousse à l'évolution de notre dictionnaire, on ne s'offusquera pas de l'apparition de mots issus de la communication rapide du Web. Je pense par exemple à "lol". Toutefois, peut-être aurions-nous pu nous abstenir d'intégrer auparavant "vénère" (pour "énerver") ou aujourd'hui "gloups" (pour marquer l'étonnement)...
Nos amis québécois qui pratiquent la défense de la langue française en raison de l'encerclement linguistique devraient nous inciter à plus d'exigence. Notre langue française a eu ses heures de gloire sur la scène internationale dont elle se retire sans discontinuer. Au fond, les plus grands défenseurs de la langue française se trouvent à l'extérieur de la France, dans les pays francophones. Sans doute parce qu'ils sont plus conscience de l'importance des mots pour construire la pensée et le raisonnement, dans le but de se comprendre et de se faire comprendre.