mardi 23 août 2011

de l'amertume...

"Notre métier n'est pas d'être pour ou d'être contre, il est de porter la plume dans la plaie." Albert LONDRES

Et pourtant, silence, encore et toujours. Il faut vraiment insister pour parvenir à trouver quelques informations sur la grève de 1948.

Le 4 octobre 1948 commence la grève générale des mineurs, votée à 90%. Après la guerre, la France a demandé à ces hommes, pour reconstruire le pays, de rattraper le retard de production dû à la guerre. Or, à l'époque, le charbon représente 85% de la consommation. Et ils vont le faire, en un temps record : en 1947, ils sont parvenus à dépasser les 28 millions de tonnes produites ! Ils ont travaillé comme des forçats pour relever le défi en deux années seulement. Ils ont quelques compensations avec un statut qui leur accorde le droit au logement et au chauffage gratuit. Rien d'extravagant en somme vous en conviendrez. Or une circulaire de septembre 1947 qui supprimait le salaire garanti et déclarée illégale par le Conseil des Prud'homme le 3 juin 1948, puis des décrets de septembre 1948 vont remettre en question le statut des mineurs voté en 1946.

Jules Moch, ministre de l'Intérieur, décide dès le début de la grève de répondre par la répression dure, armée et sanglante. Au quatrième jour de grève, un premier mineur est sauvagement tué. L'armée et ses tanks sont également envoyés pour écraser la grève qui durera 56 jours, jusqu'au 29 novembre. A l'issue de celle-ci, plus de 3 000 mineurs sont purement et simplement licenciés par Charbonnages de France et même ostracisés. En effet, ils sont immédiatement privés de leur logement et de tous leurs avantages, y compris leur régime minier de sécurité sociale. Au-delà ces hommes sont marqués au fer rouge et rejetés de la vie professionnelle. Parmi les mineurs les plus actifs, il y avait de nombreux déportés durant la guerre en raison de leur engagement dans la résistance. Une double peine tombée dans l'oubli pendant plusieurs décennies.

Grâce à la persévérance de quelque avocats, et après plus de soixante ans, la Cour d'Appel de Versailles a rendu un arrêt le 10 mars 2011 donnant raison aux mineurs et à leur famille, condamnant l'Etat à les indemniser. Selon Maître Slim Ben Achour, un des quatre avocats des mineurs et de leurs familes (car il ne reste que 17 survivants), la Cour a en effet estimé que les ruptures de contrat de travail étaient bien relatives au "droit de grève, un droit protégé par la Constitution, et déjà par le préambule de la Constitution de 1946, deux ans avant les grèves »... « Les lois de la République ont reconnu à partir de 1984 puis ensuite par des lois de 2004, que les mineurs qui avaient perdu leur travail en 1948 (…) l’avaient perdu en raison de l’exercice du droit de grève », a expliqué l’avocat.

En mars, cet arrêt était bel et bien une victoire sur l'oubli, une restitution de leur dignité pour les familles des mineurs. Or cette réparation aura été que de courte de durée puisque, quelques semaines plus tard, l'Etat s'est pourvu en Cassation contre l'arrêt de la Cour d'Appel...

A écouter ou réécouter, en podcast : Là-bas si j'y suis, l'émission de Daniel MERMET, reportage de Charlotte Perry, diffusé en trois parties : les 14, 15 et 16 juin 2011 sur France Inter.

jeudi 11 août 2011

De la décadence...

"Une erreur ne devient une faute que lorsque l'on ne veut pas en démordre." Ernest Jünger

En pleine crise, comment en sortir la tête haute ? sans trop y laisser de plumes... comment aurions-nous pu l'éviter ? Et d'ailleurs était-ce possible... ou à défaut au moins en diminuer l'impact ? Mais d'où vient-elle donc cette fameuse crise ? Certains disent qu'elle remonte à l'été 2007 avec la crise des subprimes... A moins que cela ne soit au 15 septembre 2008, jour de la faillite de Lehman Brothers... Pourtant, n'a-t-on pas connu une politique de rigueur lorsque Michel Rocard était premier Ministre ? ou encore en 1982 entraînant le blocage des salaires et des prix en raison de la situation économique et monétaire ? A moins que la crise ait commencé avec le 1er choc pétrolier de 1973... N'avions-nous pas les moyens avant 2011 de prévoir une majeure partie des difficultés actuelles ?

La dette, honnêtement, que celui qui n'a jamais entendu dire que nous vivions en France au-dessus de nos moyens, en accumulant cette dette énorme, démentielle, que nous laisserions à nos enfants, et même petits-enfants ? Dormez, braves gens, le monde est entre les mains d'altruistes convaincus...

Pourtant, il me revient en mémoire de manière récurrente ce 29 mai 2005, jour où la France a rejeté le Traité Constitutionnel Européen et les institutions renforcées qu'il allait mettre en place. N'aurions-nous pas besoin, vraiment, d'institutions fonctionnant correctement ? Tout comme tournent en rond les débats incessants durant cette étrange campagne autour du rejet de la candidature turque. Rappelons-nous que la première demande d'association de la Turquie à la Communauté Economique Européenne remonte au... 31 juillet 1959 ! L'accord d'Ankara, signé le 12 septembre 1963, exprimait l'éventualité de la future candidature turque. Le dépôt de ladite candidature a été enregistrée le 14 avril 1987. Coup de tonnerre en 1997 lorsque l'Europe décide de lancer les pourparlers avec 10 Etats susceptibles d'entrer dans l'Europe. Concernant la Turquie, ce n'est qu'en décembre 1999 que la Turquie est un pays candidat, qui a vocation à rejoindre l'Union sur la base des mêmes critères que ceux qui s'appliquent aux autres pays candidats. (source : www.senat.fr).

La Turquie a joué le jeu pour répondre aux critères d'adhésion et obtenir son entrée dans l'Union Européenne. Mais, souvenez-vous des termes du débat, l'Union ne veut pas d'elle et lui en demande sans arrêt d'avantage. La Turquie, avec une croissance de plus de 8% en 2010, a de quoi faire rêver... Mais, non, au fond, nous ne voulions pas des turcs et probablement pour de mauvaises raisons qui demeurent confidentielles. Aussi nous avons, nous, depuis notre vieux continent, regardé passer les révolutions de l'autre côté de la Méditerranée cet hiver et au printemps, nous sommes toujours autistes face à la mondialisation, nous continuons de penser que notre histoire nous place en position de supériorité au plan de la doctrine politique, nous regardons le développement fulgurant de la Chine tandis que nous savions, sans vouloir l'accepter, que tout cela se passerait ainsi dès les années 70. Non seulement nous refusons obstinément d'avoir de la mémoire mais en plus nous nous entêtons définitivement. Peut-être n'est-ce que la conséquence de notre arrogance...

Finalement, nous ne parvenons pas à nous faire à l'idée que nous sommes une Nation en pleine décadence... ne pas le voir nous empêche de l'affronter afin de nous transformer pour accéder au cycle suivant. Quel gaspillage d'énergie et de talents...